Quelqu’un m’a fait remarquer un jour combien certains mots étaient beaux. Et même beaux dans plusieurs langues. Prenez par exemple le mot « papillon » en français, c’est très joli ; et aussi en anglais « butterfly« , en estonien « liblikas« , en espagnol « mariposa« , en portugais « borboleta » ; en malgache, c’est « lolo » et en malaisien c’est « rama-rama« . C’est pas joli ça ?

Le mot « somesthesia » sonne aussi joli pour moi. Et dans toutes les langues. Ça rime avec « Spinoza », avec « fantasia », avec « fresia » et avec « mimosa ». Quand on le dit lentement, sans y accorder de signification, ça sonne bien, surtout lorsqu’on le prononce avec le « a » final. 

Ses deux racines sont les mots « soma » et « aesthesio ».

  • Soma représente le corps, l’ensemble des cellules non sexuelles de l’organisme. C’est aussi le nom que l’on donne au corps cellulaire du neurone. 
  • Aesthesio, c’est la sensation.

La somesthésie, c’est le système perceptif (ce qui inclue les récepteurs et les aires cérébrales) qui traite diverses sensations liées au toucher.

La thérapie manuelle c’est l’interaction entre le système perceptif d’une personne et le thérapeute qui la pratique.

Nous pratiquons tous des thérapies de la somesthésie, qu’importe notre thérapie manuelle de choix.

Je n’ai pas l’intention de tenter de vous convaincre de l’une ou l’autre des thérapies présentées, celles que je connais bien, ni même de vous convaincre de l’importance capitale que la thérapie manuelle devrait prendre dans nos vies. Je ne vous présenterai que ce qui est, sans magie, sans rapport confus avec des systèmes de pensées ou de croyances, seulement du « brut », du gros bon sens fondé uniquement sur la neurophysiologie et les récentes découvertes en neurosciences.

La DNM dynamique, c’est en fait une méthode de thérapie manuelle telle qu’elle a été développée par Raymond Branly tout au début de sa pratique PLUS la recherche scientifique qui valide les techniques. La DNM Dynamique est donc une méthode inspirée du travail de Raymond Branly, qui fut nommé la méthode Niromathé, moins tout ce qui ne s’explique pas et majorée par les explications neurophysiologiques inhérentes à la méthode.

Dr Branly s’est inspiré de la méthode de Jean Moneyron, un pharmacien devenu kinésithérapeute de la région de Vichy, qui a développé une méthode de soins à partir de ce qu’il a appris d’une religieuse, soeur Chabrit, qui revenait d’Asie et qui l’avait apprise de …

Vous voyez, le savoir se transmet de l’un à l’autre et chaque fois, il est « revu et corrigé » selon les connaissances des personnes qui reçoivent cet enseignement. Au bout du compte, si chacun y va de sa théorie personnelle, nous ne saurons plus exactement ce qu’il en est. Pour remettre les pendules à l’heure, je vous propose que nous nous basions tous sur des connaissances communes qui nous sont communiquées par les scientifiques et les chercheurs en neurosciences. C’est notre seul langage commun, notre seule voie de sortie. Et je vous dirais que c’est inévitable, à la vitesse où les publications sur le cerveau et le système nerveux paraissent. Tout ce que nous avons appris auparavant nous semble maintenant comme venu de l’âge des cavernes…

Dr Branly a eu raison sur de nombreux points, sans fournir nécessairement la « preuve scientifique ». Il n’aurait pas pu d’ailleurs, car pour prouver quelque chose scientifiquement, il faut des moyens financiers astronomiques, travailler de concert avec des universités et, probablement, avoir des alliés bien placés…

Non, c’est bien trop long et pas si intéressant. Nous allons donc procéder autrement : nous allons étudier la physiologie et s’apercevoir que sur plusieurs points, Dr Branly ne s’est pas trompé.

Une chose très importante qu’il a modifiée de la méthode Moneyron est le positionnement du patient. Curieux de savoir comment les rebouteux de sa région travaillaient, il avait remarqué que l’un d’entre eux demandait à ses patients de prendre la position d’inconfort.

Dr Branly en a tout de suite vu l’intérêt et a développé sa méthode beaucoup autour du positionnement du patient, ou de la peau de celui-ci. Et là, il a eu complètement raison. Lorsque nous travaillons en passif, nous parlerons d’illusion de mouvement ; lorsque nous travaillons en actif, nous ferons appel aux différents réflexes médullaires d’inhibitions. Mais nous reviendrons constamment à la physiologie. Cela sera notre base pour comprendre et évoluer.

L’autre « clé » de l’efficacité redoutable de la DNM dynamique se trouve dans le geste : ce geste effectué sur la peau peut se décomposer en quatre parties donc chacune aura un impact différent sur les récepteurs qui sont dans la peau. Dr Branly a toujours insisté pour que le geste reste superficiel, et là aussi, il ne s’est pas trompé. Au contraire, il a donné aux thérapeutes manuels une façon de travailler avec un geste hyper efficace, simple dans son application et non douloureuse et il a certainement permis à des milliers de personnes à mieux se sentir grâce à ce geste précis et dynamique.

N’est-ce pas la raison pour laquelle nous pratiquons la thérapie manuelle et la raison première aussi de l’enseigner ?

Mise au point dans les années 60 et 70 par un Australien du nom de Tom Bowen, cette méthode a suscité dès le début beaucoup de passion et différents programmes de formation ont été organisés. On trouve maintenant plusieurs écoles dans de nombreux pays, qui offrent toutes des formations plus ou moins semblables. Hélas, comme il arrive souvent, des « clans » se sont formés, chacun clamant que la méthode qu’ils enseignent est « la méthode originale » ou celle qui se rapproche le plus de ce que faisait Tom Bowen.

Mais c’est là le problème : Tom Bowen n’est plus là et il n’a jamais pu dire qui, parmi les six personnes qui ont appris avec lui, avait le mot juste. On doit se rendre compte que chaque école a sa propre interprétation de ce que faisait Bowen et qu’aucune ne possède « la vérité ».

Et cette vérité, où doit-on la chercher ?

D’abord, il faut comprendre que si cette méthode a suscité autant d’engouement, que tant d’écoles ont vu le jour et que l’esprit de compétition s’est si rapidement développé entre elles, c’est à cause, premièrement, de son efficacité, et deuxièmement, de la simplicité (apparente) à l’enseigner et à la pratiquer. Je m’explique.

Bowen est d’une efficacité redoutable. C’est la méthode qui surprendra le plus par les résultats que l’on constate. Comme quoi ? Bien sûr, pour tout ce qui est douleur musculaire et articulaire, récente ou chronique, Bowen pourra faire une différence certaine. Mais là où la méthode surprend le plus, c’est dans les cas où la personne semble avoir aussi une atteinte plus générale : de la fatigue, du stress, de l’angoisse, des troubles digestifs, des troubles du sommeil, etc. Bien que l’on ne puisse pas relier formellement l’application d’une technique manuelle avec l’amélioration d’une maladie chronique, lorsqu’on voit des personnes revenir heureuses et soulagées, on continue avec la même approche. Bowen a été ce qui a changé la vie de milliers, probablement de dizaines de milliers de personnes.

La simplicité de la méthode : elle n’est qu’apparente !!! Bowen n’est pas simple du tout. Bien sûr, si on ne tient pas compte de la physiologie, alors oui, c’est simple. On dit alors que Bowen c’est énergétique et qu’il faut faire confiance à la technique. Mais se tenir si loin de la science est d’après moi ce qui fait que le Bowen ne soit pas pratiqué autant qu’il devrait l’être, surtout par les professionnels de la thérapie manuelle. Ces praticiens auraient vraiment avantage à s’intéresser à Bowen et à l’apprendre… dans une bonne école.

Je crois sincèrement qu’il faut étudier de façon beaucoup plus approfondie les bases neurophysiologiques qui sous-tendent la méthode (toutes les méthodes). Ce fut ma motivation pour compléter les six années d’études en ostéopathie. J’en ai tiré beaucoup de bon, pas trop en neurophysiologie, mais surtout une confiance en moi qui me permettait d’aller plus loin, en dehors des cadres de la formation en elle-même. C’est ainsi que pour enseigner, je dois continuer, sans cesse, d’apprendre, de chercher et d’étudier. Ce n’est pas simple d’être un prof de thérapie manuelle. Pas du tout.

La vérité ? Je ne crois pas que Tom Bowen aurait pu expliquer la physiologie derrière sa méthode. Je crois qu’il était un bon observateur et une personne douée. Mais il n’avait pas de formation ni en médecine ni en thérapie manuelle et n’avait pas les mots pour interpréter. C’était un « naturel ».

Depuis une vingtaine d’années, la recherche en neuroscience s’accélère et nous apporte des réponses. Entre autres, vous apprendrez qu’il existe dans les muscles d’autres fibres afférentes que les fibres Ia et II du fuseau neuromusculaire et que ce sont ces fibres qui, très probablement, font toute la différence. Nous apprendrons ce qui les rend si particulières et la façon d’en tirer parti.

À travers les muscles, nous « parlons » au SNC grâce à ces fibres afférentes et la pause thérapeutique permet au SNA d’effectuer les changements nécessaires à la régulation de l’homéostasie.

D’où la « Myo – Neuro – Modulation ».

Tom Bowen nous a laissé une méthode extraordinaire, à nous de faire en sorte qu’elle acquiert ses lettres de noblesse.

 
 

La DNM se penche plus particulièrement sur le traitement des nerfs cutanés. Ces nerfs sont porteurs de toute l’information de surface du corps, qui se rend au SNC. L’information des mécanorécepteurs bien sûr, mais aussi de toutes ces fibres qui vont mesurer notre environnement externe, la température, la chimie de la peau, la nutrition, le pH, etc. Et ils ont pratiquement toujours été oubliés, ou pire, négligés. Je crois que cela vient du fait qu’on ne les voit pas : ils ne paraissent pas aussi importants que les muscles, que les fascias, ou autres structures parfois même imaginées. L’humain est ainsi fait, il doit voir pour croire.

Deux livres importants confirment que les syndromes canalaires ne sont pas réservés aux « gros » nerfs périphériques, mais que de petits nerfs pouvaient aussi en être atteints. Ces livres sont : Nerve Injury and Repair de Göran Lundbord et Tunnel Syndromes de Marko M. Pećina.

DNM traite essentiellement les douleurs neuropathiques. Elle ne s’implique pas dans les douleurs dont les causes sont médicales, comme par exemple les blessures de type coupure ou fracture, les douleurs profondes somatiques, les douleurs viscérales, et les douleurs suspectes d’origine inconnues.

« La thérapie manuelle fait partie depuis longtemps des programmes de réadaptation physique, en particulier pour traiter ceux qui souffrent. Cependant, les mécanismes de la thérapie manuelle ne sont pas entièrement compris, et il a été suggéré que ses effets modulateurs de la douleur sont d’origine neurophysiologique et peuvent être médiés par le circuit modulateur descendant. L’objectif de cette revue est donc d’examiner la réponse neurophysiologique aux différents types de thérapie manuelle, afin de mieux comprendre les mécanismes neurophysiologiques qui sous-tendent les effets analgésiques de chaque thérapie. On a pu conclure que différentes formes de thérapie manuelle provoquent des effets analgésiques par différents mécanismes, et presque toutes les thérapies semblent être au moins partiellement médiées par une modulation descendante. »

The Role of Descending Modulation in Manual Therapy and Its Analgesic Implications: A Narrative Review

Andrew D. Vigotsky1 and Ryan P. Bruhns2

Hindawi Publishing Corporation
Pain Research and Treatment
Volume 2015, Article ID 292805, 11 pageshttp://dx.doi.org/10.1155/2015/292805